L’Event Horizon Télescope zoome sur les jets radio de Centaurus A
Pour la première fois, les astronomes ont obtenu une image très précise de l’endroit où naissent les impressionnants jets de matière de la galaxie Centaurus A. Grâce au réseau de radiotélescopes de l’Event Horizon Telescope, ils ont photographié les abords immédiats du trou noir géant qui les émet.
L’Event Horizon Telescope (EHT) n’a pas fini de repousser ses limites.
En 2017, en même temps qu’il photographiait le trou noir au centre de la galaxie M87, l’interféromètre déployé sur plusieurs continents a observé la galaxie Centaurus A, distante d’environ 12 millions d’années-lumière. Au terme d’un long travail de traitement, ces données recueillies le 10 avril 2017 ont fini par produire une image spectaculaire : celle de la naissance des longs jets radio qui s’échappent de la gigantesque galaxie lenticulaire.
Ce « cliché », obtenu grâce à une technique de modélisation permettant de dépasser la résolution théorique de l’interféromètre, montre des détails d’environ 0,6 jour-lumière. L’image est donc petite mais elle ne couvre qu’une minuscule région située autour du trou noir de 55 millions de masses solaires qui se cache au centre de la galaxie et qui propulse les fameux jets de matière à des vitesses relativistes. “Cela va nous permettre d’observer et d’étudier pour la première fois un jet radio extragalactique à une échelle plus petite que la distance que la lumière parcourt en un jour. Nous pouvons voir de très près comment naît un jet monstrueusement gigantesque lancé par un trou noir supermassif”, se réjouit Michael Janssen, astronome à l’Institut Max Planck, premier auteur de l’étude parue dans Nature Astronomy où est publiée l’image.
Cette image pourrait aider à éclaircir le mystère de la façon dont se comporte la matière autour d’un trou noir. “Le contraste lumineux entre le centre et les bords [du jet] pourrait potentiellement nous apporter de nouvelles perspectives sur la physique des plasmas à la fois dans et autour des jets”, prévoit Koushik Chatterjee, chercheur au Centre d’astrophysique d’Harvard, membre de la collaboration EHT.