Une puissante éruption solaire émise en direction de la Terre

Une bouffée de particules a été éjectée par le Soleil dans la direction de la Terre. Le nuage magnétique atteindra notre planète pendant le week-end du samedi 30 octobre 2021.
Jeudi 28 octobre, peu avant 18h (heure de Paris), les satellites chargés d’observer le Soleil ont vu briller subitement un point de sa surface. Désignée par le terme anglais « flare » par les chercheurs, la vive lueur s’est accompagnée de l’éjection d’un immense panache de matière solaire. Une fois n’est pas coutume, cette « éjection coronale de masse » a été crachée dans la direction de la Terre. En passant légèrement au sud de notre planète, le plus gros du nuage de particules nous frôlera de peu, tandis que son flanc croisera notre route samedi 30 octobre en fin d’après-midi. Un cas de figure qui ne mettra pas en danger les habitants de notre monde, mais avec plusieurs conséquences.

Une tempête géomagnétique demain…
L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a prédit que cette arrivée déclenchera une tempête magnétique allant de « mineure » à « forte », c’est-à-dire classée entre les catégories G1 et G3 d’une échelle qui en compte 5 (G5 étant la plus extrême). La situation demande aux opérateurs de satellites de garder un œil sur leurs systèmes, sujets à dysfonctionner temporairement. L’ampleur des perturbations dépend encore d’un paramètre encore inconnu : l’orientation du champ magnétique que le nuage de particules génère, et transporte avec lui. Si ce champ magnétique est orienté vers le nord, alors il sera aligné avec celui de notre planète. La déformation engendrée par le premier sur le second sera moindre. S’il est orienté vers le sud, alors il s’opposera au cocon magnétique terrestre, et aura une action plus forte à notre encontre. La dernière tempête magnétique de catégorie G3 remonte à mai 2021.

LE SOLEIL PHOTOGRAPHIÉ PAR LA SONDE SDO DANS LES PREMIERS INSTANTS DE L’ÉRUPTION DU 28 OCTOBRE 2021. CREDIT: NASA/SDO

…des particules relativistes hier
Les prévisions « météorologiques » de demain ne sont donc pas si exceptionnelles. En revanche, l’éruption du 28 octobre est rare du point de vue des particules relativistes. Ejectés du Soleil à une vitesse proches de celle de la lumière, ces protons à haute énergie ont pénétré l’atmosphère terrestre quelques dizaines de minutes seulement après l’éruption (quand la lumière couvre les 150 millions de km qui nous séparent du Soleil en 8 min). En voyageant assez vite, certains protons ont même traversé l’entière épaisseur de notre enveloppe gazeuse pour être détectés depuis le sol, en quantité suffisante pour classer l’événement au rang de GLE : « Ground level event » (événement au niveau du sol). Plus tôt, il faut remonter à septembre 2017, mai 2012 et décembre 2006, pour trouver pareil épisode. Au total, 73 GLE ont été relevés depuis 1942.

Les protons chargés étant dangereux pour la santé, il arrive qu’on demande aux pilotes d’avions de ligne déjà en vol (moins protégés car plus hauts dans l’atmosphère) de baisser leur altitude de croisière. Voire que certaines compagnies aériennes clouent leurs engins au sol pendant quelques heures. Cette fois-ci, la bouffée de particules n’a pas imposé de telles mesures. Mais elle a permis au Service météo de l’espace et de l’aviation civil international de se roder. Lancé en novembre 2019, ce nouveau service délivre à l’aviation les plus récentes prévisions de météorologie spatiale 24h sur 24. C’est la première fois fois qu’il relève une éruption d’une telle ampleur.

Feu d’artifice auroral
In fine, les répercutions les plus notoires de l’éruption du 28 octobre 2021 seront probablement visuelles. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’arrivée de l’éjection coronale de masse va engendrer un magnifique ballet d’aurores polaires. Spectacle garanti dans le nord de la Sibérie, du Canada et en Islande ! Jusqu’à quelles latitudes le spectacle lumineux descendra-t-il ? La météorologie spatiale n’est pas encore assez fine pour le prédire.

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